L’usine à rêves
Concours campus EDHEA et École de Couture
Simona Pribeagu-Schmid et Gérard Meystre
Sierre (VS)
2021
Axonométrie: © Olivier Meystre

Un campus    
Le projet se définit comme un campus, composé de plusieurs bâtiments différents. Il est comparable à une petite fabrique, une « usine à rêves » cherchant à s’intégrer finement au contexte bâti existant.
Grâce à ce concept, l’échelle du lieu est préservée, le bâtiment existant se trouvant au centre du campus.
Les différentes écoles composant le campus possèdent chacune leur propre identité.
Le bâtiment existant (la halle Usego) représente le cœur du complexe, son point d’appui. Il abrite les fonctions communes les plus importantes. Cependant, chaque corps de bâtiment possède sa propre entrée, clairement visible depuis la rue du Stade.
Le volume contenant des bureaux, en tête du bâtiment existant, est remplacé par un nouveau volume, ce qui confère une forte présence à l’entrée principale de l’établissement.
La liaison du campus avec le quartier des Condémines se fera par la rue de Lamberson.
L’agrandissement, constitué de deux nouveaux bâtiments, reconnaît certaines qualités de l’état existant : la cour existante est réinterprétée sous forme d’une place surélevée minérale, au niveau du rez supérieur. Elle prolonge le hall principal vers l’extérieur et sert d’espace flexible, utilisable pour des installations extérieures temporaires.
Les deux nouveaux bâtiments, respectivement au nord et au sud de la halle Usego, reprennent l’idée de la toiture en sheds de cette dernière. Les sheds sont orientés nord-sud pour éviter les problèmes de surchauffe et pour assurer une orientation idéale des panneaux solaires.


Concept / répartition des fonctions
La halle Usego représente le cœur du campus. Elle abrite les espaces communs aux différentes écoles et représente la partie la plus publique du campus.
Le rez supérieur, accueille le secrétariat (front office), la médiathèque et la salle d’exposition. Ces espaces sont ouverts au public, y compris le week-end.
Le rez inférieur accueille le réfectoire, les bureaux open-spaces, un espace d’exposition ainsi que des dépôts de conciergerie.
Les livraisons des repas et de matériel peuvent être effectuées de manière simple et efficace, directement depuis la rue du Stade.
La surface de manoeuvre du camion de livraison sur le site est réduite au stricte nécessaire. La distribution des marchandises se fait en proximité directe avec l’aula et le réfectoire.
L’École de Couture, l’École de Design et les locaux liés au Secondaire II prennent place dans des volumes articulés au nord, assumant une identité propre, autour de la place surélevée.
L’École de Design prend place au rez inférieur et supérieur tandis que l’École de Couture occupe les premier et deuxième étages.
Au milieu se trouvent les classes partagées par les deux écoles.
Au premier sous-sol se trouve le parking pouvant accueillir 22 voitures. La connexion au cœur du campus est assurée via la cage d’escaliers et l’ascenseur de la tour existante.
La Haute École d’art est implantée au sud de la halle Usego. Elle prend la forme d’un volume unique, un cube surmonté de sheds et percé de deux cours intérieures permettant des relations visuelles entre étages ainsi qu’un apport de lumière jusqu’au rez inférieur. Sous le toit en sheds se trouvent les grands ateliers, espaces facilement modulables et appropriables par les usagers. Des mezzanines peuvent être facilement créées en fonction des besoins et des usages.
Au rez supérieur, on trouve des salles de théorie, exposition et séminaire alors que le rez inférieur accueille des ateliers de travaux pratiques, des laboratoires et des studios images et sons.
Au rez inférieur, on trouve le programme technique du bâtiment.
Les deux nouveaux corps de bâtiments, bien que clairement séparés, permettent des connexions à tous les étages, du rez inférieur au premier étage, en passant par le bâtiment existant.



Transformation du bâtiment existant
La halle Usego est une source d’inspiration directe pour la conception des nouveaux bâtiments par rapport à sa trame structurelle ainsi que par sa toiture en sheds. Les valeurs structurelles et architecturales intemporelles permettent de réutiliser la halle encore aujourd’hui, malgré son âge. Ces valeurs sont réinterprétées dans les nouveaux bâtiments du campus.
La majeure partie des espaces essentiels de la halle sont maintenus dans le but de garder le maximum de ce qui fait la substance de la structure, de l’espace et de la lumière.
La structure en bois du premier étage sera remplacée par une surélévation en béton qui accueillera l’aula. La partie bureau va être remplacée par une nouvelle tête de bâtiment qui accueillera un hall d’entrée généreux, permettant une liaison verticale vers le rez inférieur (espace du réfectoire) jusqu’au foyer de l’aula au premier étage. Les accès handicapés et de livraisons sont résolus dans cette nouvelle tête de bâtiment, par l’intermédiaire de la liaison verticale.
L’impressionnant espace se trouvant sous les sheds du rez supérieur est accessible à tous. Il accueille la médiathèque et l’espace d’exposition.
Le réfectoire se développe dans l’espace traversant du garage (rez inférieur) en jouant le rôle de liaison et de point de rencontre entre le nord et le sud du campus. Le réfectoire reçoit de la lumière naturelle par la cour intérieure créée dans la médiathèque du rez supérieur d’une part et d’autre part par la cour intérieure située au nord. Ce dispositif crée ainsi un dialogue avec l’extérieur, avec la zone d’entrée et le foyer de l’aula. Le plateau nord du réfectoire, sorte de scène surélevée, articule un vide sur deux étages autour duquel les circulations et le foyer de l’aula s’organisent.
La tour existante est conservée. Elle est augmentée d’une structure métallique jouant le rôle de toiture et permettant de projeter des installations vidéos et autres jeux de lumières. Elle devient un symbole, un accent et un repère dans le paysage valaisan.
La tour sert également de liaison verticale, relie les toits terrasses et assure la liaison avec le parking souterrain.


Un bâtiment comme une ville Le projet offre de multiples liaisons entre les espaces principaux, à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments. Il permet des déplacements comparables à une balade dans la ville, offre des découvertes selon un parcours architectural riche et varié : un jardin au-dessus de l’aula, un autre au-dessus du pavillon accueillant les ateliers propédeutiques et un troisième au sud, dans le prolongement du réfectoire. Ces espaces de détente sont facilement accessibles depuis les différents corps de bâtiment formant le campus. Ils sont reliés grâce à la tour existante qui devient un noyau de distribution, d’articulation et une marque dans le paysage de la ville de Sierre.

Expression architecturale
Dans une recherche d’unité, tous les bâtiments formant le campus sont revêtus de céramique, matériau offrant un large panel de teintes et d’effets. La céramique est un matériau au faible coût d’entretien, possédant une haute durabilité et une bonne résistance. Il est écologique car ne contient pas d’additifs ni de métaux lourds.
Il permet la gestion soigneuse des ressources et s’inscrit dans un processus de production rationnel. De plus, il permet une pleine réutilisation en cas de déconstruction.
La céramique sera complétée de panneaux solaires sur toutes les façades. Toutes les surfaces pleines des sheds, orientées au sud, seront recouvertes de panneaux solaires.
Les vitrages des bâtiments ont un caractère de module répétitif de plutôt petite dimension, rationnel et économique. Il rappelle les vitrages des usines et entrepôts des années 1950-1960, période à laquelle a été conçue la halle Usego. Cela dit, les surfaces vitrées sont généreuses et permettent des relations visuelles avec l’environnement dans les quatre orientations.
Les sheds sont des éléments caractéristiques d’une architecture d’usine et ceux de la halle Usego sont réinterprétés dans des sheds contemporains et orientés nord-sud, contrairement à ceux de la halle existante qui sont orientés est-ouest. Les sheds participent au caractère de l’ensemble du campus et représentent une forme forte, au caractère assumé et facilement identifiable.


Structure
Les structures porteuses de tous les nouveaux bâtiments s’inspirent de celles du bâtiment existant. Aujourd’hui, elles peuvent être réintégrées en grande partie dans le nouveau projet, tout en laissant une grande liberté dans le réaménagement des espaces. En effet, ce sont la durabilité du béton armé et la flexibilité de la structure par points qui nous permettent de prolonger la durée de vie d’une partie importante des structures existantes. Ce principe permet de créer des espaces généreux et éclairés d’une belle qualité de lumière. Les typologies sont facilement transformables au gré des besoins et des usages. La structure du projet se veut ainsi la plus rationnelle, économique et la plus durable possible.
Les nouveaux planchers sont formés de dalles alvéolées précontraintes et préfabriquées. Leur capacité porteuse offre la possibilité de réaliser de grandes portées. La préfabrication permet une pose sur site rapide entre des poutres en acier.
Par une fine chape en béton coulé sur place, la structure devient finalement monolithique et résistante au feu. Depuis les planchers, les forces verticales sont transmises par des piliers en béton armé, en ligne droite de haut en bas, jusque dans le sol de fondation de bonne qualité.
Les bâtiments sont contreventés dans l’épaisseur des façades et par les noyaux structurels intérieurs en béton armé. Ce dispositif permet une grande flexibilité d’aménagement du plan.


Développement durable
La volonté première du projet est de conserver un maximum des qualités du bâtiment existant, de démolir uniquement ce qui permet au projet d’accueillir ses nouvelles fonctions et ses futurs usages. Le projet de campus cherche à produire localement l’énergie nécessaire du bâtiment en ajoutant des panneaux solaires sur les toitures ainsi que sur toutes les façades des différents bâtiments. Un raccordement au chauffage à distance existant dans le quartier représenterait la première option. La seconde option serait que la chaleur du sol soit utilisée par forages géothermiques. Il pourrait être intéressant de récupérer de la chaleur du parking et de la ventilation des bâtiments. Des pompes à chaleur alimentées par le solaire et les sondes seraient prévues afin de fournir le bâtiment en chauffage et en eau chaude sanitaire.
La deuxième volonté est de minimiser les besoins en énergie des bâtiments en limitant les pertes de chaleur par une isolation de qualité sur toutes les surfaces (fenêtres, parois, radiers des nouveaux bâtiments).
Il serait également important de maximiser l’apport d’énergie solaire dans le bâtiment en hiver à l’aide de façades vitrées et en minimisant l’entrée de chaleur par des stores extérieurs en été.
La lumière du jour doit être utilisée au maximum grâce aux sheds transparents et correctement orientés nord-sud afin d’éviter des éclairages trop directs et des problèmes de surchauffe.
Ce concept permettrait d’utiliser l’énergie locale du site en récupérant l’énergie solaire sur l’enveloppe du bâtiment et l’énergie de la terre par les sondes géothermiques.
De plus, on utiliserait le surplus de chaleur de l’été pour régénérer les sondes et rafraîchir le bâtiment pour les utilisateurs.
Ceci permettrait un stockage saisonnier et limiterait le nombre de sondes géothermiques dans le terrain.
Les façades solaires arrivent à générer de l’électricité durant toute la période de jour, en maximisant les orientations Sud, Est, Ouest et Nord des panneaux solaires. Elles permettent d’être plus en adéquation avec la consommation du bâtiment.

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© Gérard Meystre